Pour des raisons familiales, j’ai souvent l’occasion de me rendre en Ethiopie, et en particulier dans le ville de Bahir-Dar, au bord du lac Tana. C’est là qu’habite mon ami Amanuel dont le métier est d’accompagner les voyageurs qui souhaitent découvrir ou re-découvrir ce magnifique pays. Bahir-Dar est situé au bord du lac Tana sur lequel on trouve un type de bateau particulièrement ancien, les tankwas construits en papyrus. Je vous invite d’ailleurs à visiter le site internet d’Amanuel : sur les routes d’Ethiopie.
Le Lac Tana, au coeur de l’Abyssinie historique
Le lac Tana est le plus grand lac d’Ethiopie. Il mesure 75 km du Nord au Sud, un peu moins d’Est en Ouest. Il est situé au centre d’une cuvette, à 1840 m d’altitude, entourées de massifs montagneux qui l’alimentent en eau. Ensuite le lac se déverse dans le Nil Bleu dont il constitue en quelque sorte la source. On y trouve des îles et des presqu’îles qui ont constitué depuis l’antiquité des lieux retirés à l’abri des envahisseurs. Situées au coeur de l’Abyssinie chrétienne, des monastères y ont été construits et ont servi de refuge à de nombreuses reliques. Plusieurs empereurs d’Ethiopie y sont enterrés. Des très belles fresques, représentant des scènes de l’ancien et du nouveau testament, recouvrent les murs en pisé. De Bahir-Dar, la grande ville à l’extrémité Sud-Est du lac, on peut louer un bateau et visiter les îles. La traversée la plus courante est celle qui conduit à la presqu’île de Zeghe. Il faut environ une heure de navigation avec un petit bateau à moteur hors-bord. Une fois débarqué sur un petit quai, un chemin mène au monastère de Ura Kidane Meret. Le lieu est très touristique. Des vendeurs d’objets artisanaux sont répartis tout le long du chemin qui requière une vingtaine de minutes de marche. On y trouve en particulier des maquettes de tankwas.
En fait, je rêve d’avoir l’occasion de visiter les îles plus lointaines lors d’un prochain voyage ! Le seul petit problème est que plusieurs monastères, et même des îles, ne sont pas accessibles aux femmes, ce qui limite un peu l’enthousiasme de mon épouse.
Les tankwas, embarcations en papyrus
Bon, on l’aura peut-être compris, c’est surtout ce qui se passe sur l’eau qui m’intéresse. Or justement, on trouve sur le lac des embarcations très anciennes construites en papyrus, une variété locale géante qui pousse sur les bords du lac. Quand je dis très anciennes, cela signifie que ces bateaux sont en effet construits de cette façon depuis des millénaires. Mais en fait, la durée de vie de ces bateaux est courte, quelques mois, car le papyrus est progressivement imbibé d’eau et perd de sa flottabilité. Les tankwas sont souvent posés debout contre un arbre sur les bords du lac, pour sécher. Heureusement, il ne faut qu’une journée pour construire un tankwa, consistant à lier entre-eux des tiges de papyrus sur la base d’une « quille » en eucalyptus qui donne un minimum de rigidité. La flotte est donc régulièrement renouvelée. Car la bonne surprise, c’est qu’il y a toujours de nombreux tankwas sur le lac, utilisés essentiellement pour la pêche. Il s’agit de bateaux monoplaces, pesant 20 à 30 kg. Un fagot de papyrus, posé à l’intérieur, sert de siège. Je ne suis pas sûr que cela suffise à garder les fesses au sec !
Je n’ai pas vu de grands tankwas qui servaient au transport de marchandises et de personnes. Il y a maintenant des bateaux à moteurs, souvent construits en acier et aux formes assez rustiques, qui les ont probablement remplacés. Il est vrai que rejoindre une île éloignée en tankwa était une expédition assez incertaine. Selon des récits anciens, des moines n’ont dû leur survie un jour de grand vent que grâce au secours du Seigneur.
Je vous invite à découvrir cette vidéo qui vous en apprendra plus sur ces embarcations, héritières des anciens bateaux du Nil :