Essai de chavirage et de flottabilité des petits bateaux ouverts

Essai de chavirage de l'Ilur 2011 par Icarai
Essai de chavirage de l’Ilur 2011 par Icarai

Il y a toujours un risque de chavirage sur un petit bateau ouvert, c’est à dire non ponté. Les dériveurs légers sont depuis longtemps conçus pour être facilement redressés et faire voile à nouveau. Mais sur les petits bateaux traditionnels et les voile-avirons, redresser peut être difficile et vider le bateau quasi impossible. Il y a donc là un enjeu majeur pour la sécurité.

 

Pas si facile de faire chavirer tout seul le bateau !
Pas si facile de faire chavirer tout seul le bateau !

 

En Europe, la directive sur les bateaux de plaisance a établi une norme sur “l’évaluation de la stabilité et de la flottabilité”, l’ISO 12217. Cette norme est obligatoire pour tous les bateaux commercialisés en Europe, avec quelques exceptions comme les répliques à l’unité de bateaux anciens et les constructions amateurs, pour ces derniers à condition “qu’ils ne soient pas mis sur le marché communautaire pendant une période de cinq ans”. Toutefois, certains pays, dont la France, rendent obligatoire l’application de cette norme pour la construction amateur.

La norme ISO 12217 a été rédigée par un collège d’experts, incluant d’ailleurs l’administration US des garde-côtes. En dépit des critiques (la norme pénalise les constructeurs artisanaux), elle constitue une bonne référence pour assurer un niveau de sécurité effectif satisfaisant. Ce document est très dense et complexe et je ne donne ici que des indications pratiques pour l’appliquer au seul cas des petits bateaux ouverts de moins de 6 mètres en catégorie C ou D. Les lignes qui suivent ne sont pas une copie du document officiel mais seulement un résumé pratique. Deux tests sont à réaliser, un essai de redressement après chavirage et un essai de flottabilité.

Cet équipier "marche" sur le mât pour être sûr que le bateau ne chavire pas plus
Cet équipier « marche » sur le mât pour être sûr que le bateau ne chavire pas plus

Essai de redressement après chavirage

Préparation : voiles de près hissées, dérive ou quille en position basse.

Conditions d’essai : eau calme, bateau avec ses équipements normaux à bord. Le moteur, s’il existe, peut être remplacé par un objet de poids et flottabilité équivalente au même emplacement.

Equipage : l’équipage minimum pour naviguer, soit en général une seule personne (de 75 kg en principe). Si on ne réussit pas seul, il faut alors augmenter l’équipage minimum.

Le bateau doit être chaviré approximativement à 180° ou jusqu’à l’angle d’équilibre maximal atteignable, l’équipage étant dans l’eau à côté du bateau. L’eau doit être assez profonde pour que le gréement ne touche pas le fond. Attendre 5 minutes. Le bateau ne doit pas couler !

 

Redresser le bateau sans aide extérieure. Il n'est pas permis plus de trois essais de redressement, chacun étant limité à 5 minutes.
Redresser le bateau sans aide extérieure. Il n’est pas permis plus de trois essais de redressement, chacun étant limité à 5 minutes.

 

Avec des caissons latéraux, il peut être impossible d'amorcer le redressage
Avec des caissons latéraux, il peut être impossible d’amorcer le redressage

Après que le bateau a été redressé et qu’une personne d’une masse d’au moins 75 kg soit remontée à bord, le bateau doit flotter avec suffisamment de franc-bord résiduel pour permettre l’assèchement du bateau par pompage ou écopage. La position longitudinale de cette personne peut être optimisée pour obtenir ce franc-bord résiduel.

Lors de cet essai, la voile n'était pas hissée comme elle le devrait
Lors de cet essai, la voile n’était pas hissée comme elle le devrait

Essai de flottabilité

Sans aucun assèchement du bateau, et après que le reste de l’équipage jusqu’au nombre limite de personnes soit remonté à bord, le bateau doit flotter avec une assiette approximativement horizontale pendant au moins 5 minutes, avec pas plus du tiers du pont ou livet submergé. Vérifier que le niveau d’eau est le même à l’intérieur et à l’extérieur. En pratique faire gîter jusqu’à mettre le plat-bord dans l’eau pour équilibrer.

Chavirage 7

 

Je conseille de prendre des photos et de rédiger un compte-rendu détaillé. Cela peut être utile, en particulier si le bateau est impliqué dans un accident.

Cet essai est une bonne façon d’être préparé à un chavirage qui arrive souvent sans prévenir. Cela permet de découvrir des problèmes : barre perdue, dérive qui rentre dans son puits, mât qui échappe de l’emplanture, écope bien petite (un seau en toile est bien utile à bord), etc… On pourra être amené à apporter des modifications : poignées sur la coque, par exemple sous forme de quilles de bouchain de profil approprié, piton dans la quille où on puisse passer un cordage, ajout de flottabilité…. Aussi il est toujours conseillé de faire un tel essai, même si vous avez acheté un bateau de série.

Noter que tous mes bateaux sont conçus pour être conformes. Toutefois, en raison des variétés de modes de construction, de densité des bois, des versions de gréement, il y a toujours une incertitude. Je remercie ceux qui me communiqueront leur retour d’expérience.

 

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