La navigation de plaisance est déjà fort ancienne. On a retrouvé à Gokstad une magnifique embarcation viking à 2 paires d’avirons, dont la finesse de ligne et les performances n’en font clairement pas un bateau de travail.
Depuis ses origines jusqu’à nos jours, la plaisance recouvre une infinie diversité de bateaux, obéissant à l’approche esthétique d’une époque, à l’idée que les propriétaires et architectes se faisaient de ce qu’est un «bon bateau», aux traditions d’une région, à l’évolution des techniques accessibles et bien sûr à des programmes de navigation : promenade, pêche, régate, navigation en rivière, en lac, côtière, océanique…
La plaisance est tantôt universelle, les courses de bateaux de jauge ayant depuis le XIXème siècle donné naissance au yachting classique, avec des bateaux peu marqués par les particularismes locaux. Elle est aussi fortement enracinée dans l’histoire locale. La Seine au temps des impressionnistes, Le Havre, Carantec, la Rade de Brest, le Golfe du Morbihan, la basse-Loire, le bassin d’Arcachon, Marseille, pour ne citer que des exemples en France, chacun de ces lieux ont développé des types de bateaux à la personnalité forte, parfois proche des bateaux de travail qu’ils côtoyaient.
Après la seconde guerre mondiale, une plaisance pré-industrielle s’est constituée. Des matériaux nouveaux, contreplaqué, bois moulé et le polyester à ses débuts, ont contribué à la démocratisation d’une activité qui était restée l’apanage d’une classe sociale ou d’une communauté particulière. Des architectes talentueux comme Jean-Jacques Herbulot, Philippe Harlé, André Mauric, ont fait preuve de beaucoup de créativité. Cette plaisance, dont il reste encore beaucoup de témoins à flot, fait pourtant déjà partie de l’histoire. Grâce à des techniques plus récentes – résines époxy, stratifications, découpe numérique – elle est bien adaptée à des constructions amateur ou professionnelles à l’unité ou en petite série.
C’est à toutes ces formes de bateaux de plaisance que je m’intéresse. Aucun terme ne sait d’ailleurs les contenir toutes. J’ai une préférence pour l’appellation «plaisance traditionnelle», qui me semble mieux englober à la fois les petits bateaux populaires et les grands yachts, une diversité de modes de navigation et une passion commune pour les beaux bateaux et le sens marin.
Le champ du possible est immense : petits bateaux de régate, « pêche-promenade », habitables transportables, croiseurs côtiers, bateaux de voyages. Une connaissance de toutes les composantes de l’histoire de la plaisance, traditionnelle, classique et pré-moderne, permet de créer des bateaux répondant aux rêves comme à la raison de chacun.
Beaucoup des voiliers présentés sur ce site sont issus de la voile au travail, comme l’Ebihen ou le Koalen 26, d’autres, comme le Stir Ven ou le Toulinguet, empruntent à la fois à la plaisance classique et pré-moderne.
Je suis à l’écoute de tous – chantiers, amateurs, propriétaires actuels et futurs – pour travailler ensemble à de nouveaux projets, petits ou grands.