Je reçois régulièrement des lettres de constructeurs qui viennent de lancer leur bateau. La dernière me vient d’Odessa, sur les bords de la Mer Noire. Mykola Krasyuk vient de lancer son Ebihen 16 qu’il a du construire deux fois à cause d’un incendie. Je ne résiste pas à publier son message, avec son accord (que j’ai traduit de l’anglais au français) :
Cher François,
Je suis très heureux de vous informer que notre projet de construction d’un Ebihen 16 vient de s’achever au bout de 4 ans !
Vous vous souvenez qu’il y a trois ans le bateau était construit à 70% mais il a été détruit par un incendie qui a ravagé tout l’atelier. Vous avez eu la gentillesse de me faire parvenir gratuitement un nouveau jeux de calques. Encore une fois, je vous en remercie beaucoup.
Nous n’avons pas baissé les bras et il nous a fallu trois ans pour construire un nouveau bateau. Nous l’avons lancé le 23 Septembre (juste avant le fin de la saison nautique locale). Nous l’avons nommé OLVIA, qui est quelque chose comme “fille heureuse” en grec ancien, en l’honneur de ma femme Olga. C’est aussi le nom de la colonie Grecque antique située non loin d’ici, fondée 3 000 ans avant Jésus Christ.
Donc, 3 ans. Nos enfants ont grandi dans l’intervalle. Mais ils étaient si heureux de prendre part à la construction, puis de naviguer sous voile !
Ce fut une bonne école de travail manuel et de patience pour nous tous, pour ma famille et mon ami Yuriy m’a beaucoup aidé.
Il y a longtemps, j’ai commencé à réfléchir à cette lettre, à ce que j’écrirais après le lancement. Et maintenant, j’ai oublié tout ce que j’avais préparé ! Je pense que vous connaissez les émotions ressenties quand vous voyez votre beau bateau construit par vous-même, chaque pièce réalisée avec soin, et enfin le voir à flot ! … C’est tout simplement incroyable. Quelle grâce dans ses proportions ; comme il flotte exactement dans ses lignes ; quelle facilité à se déplacer et quelle élégance ; qu’il est beau et attire les regards comme une jolie fille ; comme il déploie ses ailes et prend son envol.
Aujourd’hui, c’est le seul gréement aurique dans mon secteur. Nous avons fait deux sorties de deux heures chacune, la première par petit temps, la deuxième par force 3 à 4. Il a des performances exceptionnelles, particulièrement dans la brise ! Et pourtant les voiles étaient mal établies, la drisse de foc passant sou l’étai de trinquette (ce que je n’ai réalisé que sur les photos !). Le deuxième jour, j’avais un excellent marin à bord, le seul dans la région qui connaisse les yachts classiques. Il a dit qu’il n’avait jamais pensé qu’un gréement à corne puisse si bien remonter au vent !
Cher François, au nom de ma famille, des amis qui m’ont aidé et des tous les admirateurs locaux de bateaux traditionnels, merci beaucoup pour une si belle création !